Pierrot, c'est le gars qu'est joueur. Tu joues au 4-21 avec lui, il intéresse le jeu, obligé. Pas cher, 2, 3 euros. Mais il faut un enjeu. Moi, je me méfie, parce qu'on a vite fait de perdre sa chemise à ce compte-là.
Il parie aussi. Sur tout et n'importe quoi. Pas au loto, et il ne joue pas aux courses non plus. Rien d'officiel, si c'est trop organisé, ça le bloque. L'idée, elle doit venir de lui. Ca l'amuse.
Il te dit en regardant la porte : « Le prochain qui entre dans la taule, c'est une femme ; 1 euro que c'est une femme, le prochain qui pousse la porte. » Il a une chance de coucou, tu en es de ta pièce à chaque fois. Ou alors, il regarde Bébert derrière le comptoir : « Je parie ta bière qu'il fait déborder la mousse. » Là, tu dis rien, parce que tu sais que si c'est Bébert qui sert, la mousse va déborder. C'est pas un bon exemple.
Pierrot t'annonce : «Il va neiger aujourd'hui.» Toi, tu te marres, tu as vu la météo, pas de neige annoncée, tu es sûr de toi, tu mises.
Et le soir même, tu rentres chez toi, sous ces saletés de flocons qui se glissent dans ton col. J'aime pas la neige.
Un jour, il me montre un type, dans le coin là-bas. On ne le connaissait pas, c'était pas un habitué. « Ton chapeau contre ma paire de Nike que son portable sonne d'ici 5 minutes » « J'ai pas de chapeau », je lui réponds. Il insiste, j'accepte : ses Nike sont des vraies, pas de la contrefaçon. Le portable du type se met à sonner.
Pierrot rigole. « Tu me dois un chapeau ! » Je rigole aussi mais j'aurais pas dû. Le même jour, ma femme avait trouvé un chapeau melon aux puces et elle me l'avait acheté. Elle achète n'importe quoi.
Hier, je le croise, ici-même. Je toussais un peu, j'ai pris froid, avec ce temps… Il me fait : « Ca sent le sapin ! Je parie tu couves la crève ! »
Il faut que je voie le toubib, je me sens pas bien, je sais pas ce que j'ai.
Pierrot, c'est le gars que j'évite. C'est pas un mauvais gars, mais il vaut mieux l'éviter.