Les propos de la maîtresse concernant l'imagination nous ont intriguées. Nous n'étions pas certaines d'avoir vraiment compris, mon amie Lucie et moi. Nous avons donc voulu voir jusqu'où allait la véracité de ses affirmations.
Alors, avec un petit marteau, nous accrochâmes au mur un tableau - blanc, tout blanc - pire qu'un désert - un désert, on y trouve du sable, des dunes, le ciel, des rochers.... là, rien que du blanc. Nous nous sommes assises, avons attendu, main dans la main tout en papotant. Un peu à la fois, sur notre tableau, se sont mises à vivre des choses extraordinaires. Voulez vous savoir ce dont il s'agit ? Eh bien voilà, nous avons vu :
Sur la voie lactée, dans un tourbillon,
Souriant, coiffé d'un chapeau melon,
Un bonhomme de neige, dans le soir pourpré,
Entraînait dans une valse cristalline et perlée,
Vers le tendre Pierrot, la douce Colombine,
Légère silhouette éthérée, chaussée de ballerines.
Sur le croissant de lune leurs âmes s'unirent
Prête moi ta chandelle, doux Pierrot,
Non pour un écrire un mot mais faire danser au plafond
Des ombres mouvantes et félines,
Des formes féeriques, fantomatiques ou mutines
Que j'emporterai dans le pays lointain
Où l'on peut mettre dans un verre de vin
Les arcs en ciel, les aurores boréales, les orages du monde,
Où le soleil ne se couche jamais
Où les vacances sont éternelles,
Où les méchants ont des têtes de clowns,
Où les girafes pondent des œufs aux pieds des acacias,
Où..........................................
Eh arrête, arrête, cria mon amie Lucie, où allons nous comme ça ?
Mais nous n'allons nul part, gentille Lucie, nous y sommes : dans l'univers de la liberté, celui magique du rêve et de l'imaginaire.