Ceci n'est pas un verre !
C'est l'image d'un verre peint sur un tableau irrémédiablement plat, aussi plat qu'un plat. Impossible de le remplir, ni de le porter à ses lèvres et de se désaltérer.
Pourtant j'entends le bruit du liquide doré qui coule en cascade de la bouteille de champagne, le tintement du cristal, les échos de la fête...
Le goût délectable se répand jusqu'à mon palais, je sens les bulles légères pétiller dans ma bouche.
Dessous apparait - L'orage - avec ses cortèges de nuages, ses éclairs zigzagant, le grondement du tonnerre.
Pourtant ce n'est qu'un mot, composé de signes, de dessins de ce que l'on nomme lettres.
Le mot "chien" aboie-t-il ?
Le mot "orage" déchaine-t-il les fureurs du ciel ?
Magritte est un grand magicien qui nous ouvre du bout son pinceau, les portes de l'illusion et de tous les possibles.
Verre... Vers où nous mène-t-il en nous entrainant dans la ronde sans fin des images, la folle farandole des mots pour les dire. Marabout d'ficelle.
Tempête dans un verre d’eau, dans un verre virtuel plein de vide.
Sarabande de l'esprit, cinéma des images suscitées par ces paradoxes.
L'orage, Eau rage, Oh rage, Or âge, Hors d'âge...
Il importe avant tout de se laisser entraîner au pays du rêve, de franchir les portes de l'imaginaire en poursuivant les associations d'idées.
Ceci n'est pas un "verre" posé sur "l'orage", mais un fil d'Ariane que le peintre déroule vers les mystères des pouvoirs de l'esprit et de l'art qui tente de les représenter.
Depuis que je l'ai découvert, Magritte, peintre surréaliste, continue à me fasciner. Je perds conscience en me plongeant dans ses tableaux, à la croisée des mondes entre réel et imaginaire, et j'aime ça.