Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cet homme ne fait pas partie de mon entourage et pourtant je le connais bien assez pour vous en faire une description complète. Pour commencer je dois vous dire que cet homme me fait peur, très peur. Pourquoi ? Je ne sais pas, eh oui le mystère commence déjà ! Je réfléchis pour trouver une cause à ce dégoût. Et je me dis que ce doit être à cause de sa « profession » qui n’en ai pas une, juste une passion. Il fait chanter les gens tous les soirs à la messe. Mais, avant cela, cet « homme de Dieu » passe ses journées à faire le tour des quelques associations caritatives de notre petit village. Et bien entendu, il n’omet pas de passer par la bibliothèque enfantine, lieu de mon travail. Je ne sais pas ce qui peut l’intéresser dans cet endroit, mais tout ce que je sais c’est qu’ils nous regardent, les enfants et moi d’un drôle d’air. Mes collègues qui savent que je déteste cet homme me préviennent quand elle le voit arriver. Mais hélas, ce petit stratagème aujourd’hui ne fonctionne plus aujourd’hui, le vieux monsieur à bien compris qu’il y a des jours où je ne peux pas m’échapper du comptoir des emprunts. Tiens, justement aujourd’hui c’est le jour de son passage. Je ne l’ai pas encore vu, mais je sais que dans quelques instants, il va franchir le seuil de la porte. Je continue à m’affairer dans les étalages de livres, quand tout à coup, la porte coulissante s’ouvre, sans sortir de ma cachette, je jette un œil. C’est lui, bel et bien lui. Il m’a repéré. D’un pas décidé il s’approche de moi. Impossible de faire marche arrière à présent. Je sors de ma cachette et me dirige vers lui. Je lui tends la main, il ne me la sert pas jamais, il préfère me faire un baise main. A présent, je me dirige à nouveau vers le comptoir, il me suit, se colle à mes « baskes », il est tellement collé  à moi, qu’il m’en ferait presque tomber à terre. Ces mains sont moites et immenses. Soudain, tout en baissant son crâne poivre et sel, il ajoute :

 

« Mes hommages, Madame ! »

 

Mes hommages, mes hommages, mais quels hommages, non mais oh, nous ne sommes plus au Moyen Age hein ! Et puis cet accent, quelle horreur, on ne comprend rien quand il parle. Je fais fis de mon dégoût et je m’assois sur l’une des petites chaises enfantines d’enfants. Il me suit et s’assoit à côté de moi. Il commence à me parler de son amour pour Dieu. Je ne l’écoute pas, je préfère le regarder, l’observer dans ces moindres détails. Tout d’abord, je regarde ce visage mal rasé et fatigué par le poids des âges. J’y vois également ces sourcils poivres et sels, bien épais où se cache toute la tristesse d’être malheureux. Mais malheureux de quoi ? De ne plus avoir de famille ou d’être riche comme Crésus ? Je ne sais pas, ne veut pas savoir, tout ce que je sais c’est que cette tristesse est juste un prétexte pour être écouter. Enfin, bon, je vais être polie et je vais l’écouter jusqu’au bout. Juste par politesse, car je n’en peux plus de cette odeur de transpiration. Non, mais c’est pas vrai, il ne se lave jamais, ou alors il ne met pas de déodorant. Pauvre Dieu comment fais-tu pourrais pour accueillir un pareil homme en ta demeure ? Hein, dis-moi, comment fais-tu ? En tout cas, lui ça ne le lui coupe pas le sifflet. Il ne s’arrêtera de parler c’est pas vrai. Mais, il va vite être interrompu, car soudain, au loin, il entend les cloches, résonner. Alors, dans toute sa splendeur, l’homme se lève, il réajuste son costume gris, et sa chemise blanche, qui ne l’est presque plus et se met à courir en claquant des pieds sur le parquet avec ces mocassins bien cirés. En partant il n’oubliera pas de me donner une pièce en me disant :

 

« Tenez, c’est pour acheter un livre pour les pauvres ! Je vais à la messe de Monsieur… »

 

« Bien, bien… Vous prierez pour moi hein ? »

 

« Vous passerez le bonjour à toute l’équipe et aux autorités de la bibliothèque ! »

 

C’est cela oui. Mais l’homme ne s’en va toujours il continue à parler de Dieu. Impossible de l’arrêter, jusqu’au second puis au troisième appel de l’Eglise. Alors là, il ne prend pas le temps de me dire au revoir et s’en va en courant. Je ne le reverrais plus et j’en suis bien contente, car vraiment cet homme à vraiment tout d’un homme que je déteste avec ses ongles longs, son caractère de chien ! Aujourd’hui je n’espère qu’une chose, c’est qu’il revienne le plus tard possible !

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :