J'ai ouvert le tiroir du buffet de la cuisine,
J'y trouve une photo de moi lorsque j'étais gamine,
Je souris à ces joues, à cette bonne mine,
A ces deux yeux brillants d'une lueur coquine.
J'y trouve des crayons, des noirs et des couleurs,
Une page d'écriture griboullée. Quelle horreur !
Un objet en bois, une image, une clé,
Un vieil ours en tissu un peu décoloré.
Je me revois assise en eau des escaliers,
Serrant contre mon coeur mon doudou adoré.
J'entends des bruits, des coups, des cris et puis des pleurs,
Je n'ose plus bouger tellement que j'ai peur.
Mes parents se disputent pour la énième fois.
Comment peut-on s'aimer et se battre à la fois ?
En haut des escaliers je tremble et je grelotte,
Mon nounours bien serré entre mes deux menottes.
Puis le calme reviens, je n'entends que des murmures,
Des soupirs, des soupirs et des soupirs qui durent.
Je vais me recoucher mais je n'ai plus sommeil,
Guettant le moindre bruit tous mes sens en éveil.
J'essaie de chasser ces images de ma tête,
Je referme doucement les volets, les fenêtres,
La nuit vient de tomber, il est déjà si tard,
Du buffet de la cuisine, je referme le tiroir.