Je ne savais pas pourquoi j’avais accepté un rendez-vous avec ce type. Ce type, c’était un collègue de travail qui me « poursuivait » de ses assiduités ! Il ne correspondait en rien à mon idéal masculin, mais il avait un gros avantage : il me faisait rire. Je m’étais dis : « après tout pourquoi pas ! ». Mais j’avais été ferme sur le « et plus si affinité. Pas question ! ».
Je lui avais donné rendez-vous dans le square jouxtant la mairie. J’aimais bien cet endroit. Il y avait beaucoup d’arbres, un kiosque à musique et une belle fontaine. Et puis, je ne tenais pas à ce qu’il vienne me chercher devant ma porte !
J’étais légèrement en avance, et je m’étais assise sur un banc près de la fontaine. J’aimais bien entendre le « gazouillis » de l’eau. Mes yeux se portèrent sur une affiche : « Les internationales de la guitare – du 22 au 26 juin ». Sous l’annonce figurait la photo d’un homme plutôt jeune. Il avait des cheveux châtains foncés, de longs cils noirs qui accentuaient la couleur de ses yeux, noirs également, et lui donnaient un air mystérieux. La bouche était charnue mais fine, un léger sourire éclairait son visage.
J’étais subjuguée par la beauté de cet homme. Je n’arrivais pas à détacher mes yeux des siens. Je le regardais intensément et tout d’un coup ses paupières se mirent à battre, son sourire s’élargit laissant apparaître une dentition parfaite. Il s’adressa à moi :
- Salut toi !
- Salut !
- Il y a longtemps que tu m’attends ?
- Depuis l’éternité.
- Alors je t’emmène à l’autre bout du monde.
- C’est où le bout du monde ?
- Ici, là-bas, ailleurs, quelle importance ? Pourvu que l’on soit ensemble !
- D’accord.
- Allez viens m’embrasser.
Je me levais du banc et me dirigeais vers lui, ma bouche prête à dévorer la sienne. J’avais l’impression que mes pieds ne touchaient pas le sol. J’avais l’impression de voler.
J’étais à un mètre de lui lorsqu’une main toucha mon épaule. Je fis un bond sur le côté.
- Hé ! C’est moi !
- Heu ! Oui ! Excuses moi ! Je …
- T’as vu un fantôme ou quoi ?
- Heu ! Oui. Enfin, non !
Je bredouillais lamentablement. Je trouvais une excuse bidon pour ne pas me retrouver face à lui dans un restaurant. Je courus jusqu’à ma voiture, démarrais en trombe et partis me réfugiais chez moi.
Je retournais dès le lendemain sur mon banc pour retrouver mon beau ténébreux, mais j’avais beau le regarder, la magie n’opérait plus. Puis quelques jours plus tard l’affiche avait disparu…