L'orage éclate au dessus du petit village.
Les éclaires flash le ciel gris blanc, comme des yeux affolés, effrayés, suppliants.
Le tonnerre déchire l'immensité, comme un cri, un râle, un appel.
La grêle bruyante se mélange à la pluie froide, comme des sanglots, des larmes, trop de rancoeur.
Le vent bouscule une poubelle trop légère et balaye rageusement les feuilles amassé un peu partout, comme se déchaine la colère humaine lorsqu'éclate la folie.
Cette fin de saison sans l'éclat du jour trop assombri par l'orage, est désolante, déprimante, désespérante.
Pourtant, ce déchainement naturel ne gâche en rien le charme du paisible lotissement, de petites maisons entouré de jardins clôturés, de ce village bien tranquille.
Mais que cache donc tout ces volets clos?
Des solitaires, des couples, des familles assoupis, épuisés, endormis.
Rêves, soucis, maladies, cauchemars, tous sommeillent dans le silence de cette ténébreuse nuit d'hiver.
Tient! au premier étage du 94 une lumière filtre dans l'entrebaillement des volets.
- " Maman, maman---"
Chuchote Marie, debout prés du lit des parents. Douze ans, de courts cheveux blond autour d'un petit visage tout rond.
Claire ouvre les yeux, essaie d'ouvrir les yeux, car l'une de ses paupière tuméfiée refuse de se lever. Elle porte une main tremblante à sa tête ou suinte une plaie sanglante. Sur les lèvres une trace de sang séché ayant coulé de son nez.
Des larmes contenu envahissent le regard bleu de l'enfant, qui tendrement caresse le visage abimé de sa mère.
- " Viens maman, viens. J'ai préparé Timothé. Tu n'as plus qu'à t'habiller et à charger la voiture. "
La jeune femme fait lentement oui de la tête et très, très précautionneusement sort du lit. Sort de la chambre soutenu par sa fille.
Il ne faut surtout pas réveiller la bête immonde qui ronfle tranquillement dans les draps blancs. Le monstre qui cuve le salaire de Claire, qui devait normalement servir à acheter à mangé aux enfants et à payer les factures.
Pendant que la jeune femme vacillante, range le strict nécessaire dans un grand sac. Marie est revenu dans la chambre, dans la caverne de l'ogre vorace!
Elle se déplace sur la pointe des pieds et avec efforts verse son petit mais lourd baril d'essence, tout autour du lit ainsi que sur les quelques objets qui meubles la pièce.
Dans l'embrasure de la porte, elle semble voir défiler les douze lamentables années de son existence, violence! violence! "viol"---ence!
Cette fois ci des larmes bien amères troublent sa vue. Une main devant la bouche elle retient ses sanglots, alors que son petit coeur bat à se rompre.
- " Tu n'abimeras plus personne---papa! "
Alors que sa mère l'appelle dans un murmure, elle craque une allumette et la jette dans la chambre qui brusquement s'enflamme. Elle ferme la porte à clé. Rajuste la couverture boulé en rouleau au seuil de la porte et tourne les talons.
Elle sort de la maison en courant. Monte dans la voiture qui démarre précipitamment.
Elle se tourne vers Timothé installé dans son siège auto, chaudement emmitouflé, à l'exception de sa petite jambe droite à l'étroit dans un plâtre blanc, souvenir violence!
Marie sourit à l'enfant innocemment rendormi.
Puis, elle pose sa main sur la main très fine de sa mère, sur le volant.
Aucun regard n'est nécessaire car la douleur si visible est trop pénible. Mais dans ce simple geste passe tant d'énergie, de courage, d'espoir, d'amour infini.
Derrière, les flammes jaillissent des fenêtres éclatées, du toit explosé, de la porte écroulée, embrasant la maison maudite!
Au loin, la sirène des pompiers retentit dans la nuit.
L'eau éteindra certainement l'incendie mais heureusement ne parviendra pas à le sauver, lui! le cruel barbare!
Le vent continue sa course tumultueuse autour des maisons bien alignées, aux jardins soigneusement entretenus.
Le vent emporte le secret du drame dans le firmament céleste, bien
au delà de ce charmant village si paisible.