- Est-ce le bruit du vent ? demanda son fiancé en se dégageant de dessus son corps pour mieux écouter.
- Oui, c’est comme ça tous les matins, à cette heure-ci. C’est le vent qui descend de la montagne en poussant quelques feuilles sur la route.
- C’est magique. Inquiétant…
- Oui... mais le plus inquiétant, tu vois, serait de ne plus l’entendre.
Cela signifierait la fin du monde…
Il posa sa tête sur sa hanche.
- Cela n’arrivera jamais, je te le promets…
Il effleura l’intérieur de sa cuisse, plus doucement que le souffle caressant du village...
Il ne cherchait pas à l’émouvoir, seulement à la rassurer. A ce que sa caresse soit comme une promesse. Chaque jour renouvelée, comme la brise du matin.
- Tu sais, notre vent, c’est une vraie personne pour nous. Il a son caractère, ses humeurs…
- Oui, j’entends ça… c’est beau. Beau à en pleurer.
Il se remit sur elle, plus léger que la feuille d’automne. La fraîcheur de l'aube laissait enfin leurs corps respirer à l’aise. Ses lèvres se refermaient chastement sur sa peau comme un pacte solennel qu’il aurait voulu apposer sur chaque atome de son être.
Sur ses seins, il s’aperçut qu’un désir tout neuf dormait sous la cendre de la veille, toujours plus ardent. Il comprit que ce feu durerait jusqu’à la fin des temps. Que l'amour pousserait chaque jour de nouvelles feuilles sur la route, et que ce rituel se répéterait aussi longtemps que dévalerait de la montagne le petit vent de Nyons...