(Edith produit et vend des légumes)
Claude : Salut Edith; du monde aujourd'hui?
Edith : Bof! (soupir...) Tu veux un thé?
Claude : Volontiers. Comment va Paul?
Edith : Comme d'hab..Top forme. En ce moment il étudie les tabous chez les Aztèques! Il passe ses journées à la B.U.; heureusement qu'il y a une poire pour faire bouillir la marmite!!!
Claude : Avoue que malgré tout, ça te botte ton job.
Edith : Je ne sais plus... Parfois je me dis : "la vente quelle désillusion!" . Tu vois l'idée de cette pause d’un mois me réjouit : Je vais enfin pouvoir décrocher mon sourire !
Claude : ( Edith lui tend le sucrier) :Non, merci tu sais je préfère le thé non sucré.
Edith : Quand tu les entends :"elles sont vraiment bio vos fraises?" ou alors "cette année vos patates sont un peu déformées"...Ah je te jure, il faut les supporter! Hier, un client m'a soutenu une thèse pendant au moins 10 minutes; tu ne devineras jamais le sujet! : " Comment apprivoiser les arbres fruitiers en 10 leçons"!!! Ah ces bobos....Ras le Bol!
Claude : C'est vrai! Ils sont un peu naïfs! Mais n'oublie pas qu'ils te font vivre. Ce sont eux qui ont le pouvoir d'achat! Un peu de persévérance ma belle!
(Silence)... Pas très poétique tout ça!!!
Edith : Viens je vais te montrer mes nouvelles variétés de salades : les multifeuilles. Tu en veux 2 ou 3?
Claude : Même 4 ou 5 car elles sont ont l'air petites!
Edith : C'est vrai, mais tu ne jettes rien; un seul coup de couteau, et tout dans le saladier!
Claude : Cultiver la nouveauté, c'est ta façon de promouvoir l'agriculture.
Edith : Arrête de parler comme un livre; au fait ton acupuncteur, ton mec aux yeux .....(sourire gourmand.)
Claude : J'y étais hier : épaules bloquées, nuque raide, totalement coincée....toujours les mêmes douleurs!
Edith : Je te donnerai l'adresse de l'ostéo de Paul, c'est plus approprié.
Claude : Je ne pense pas. La séance d'hier m'a remuée. On a beaucoup parlé...Il n'arrivait pas à planter ses aiguilles sur mes épaules : trop dures, trop raides, trop fatiguées. D'autorité il m'a dit : "Vous avez le syndrome de l'éponge"
Edith : (ironique) Mais encore?
Claude : Je porte le malheur du monde sur mes épaules... J'absorbe les problèmes des autres, d'où ...l'éponge. Ecoute bien l'histoire qu'il m'a racontée :
Il m'a faite allonger en me demandant de fermer les yeux: " Imaginez la nuit. 3 heures du matin. Un doux crachin caresse le toit, pourtant Marion ne dort pas. Son mari ne cesse de tourner et retourner dans le lit! A bout de nerf, elle allume et lui demande ce qui ne va pas; il lui dit qu'il a emprunté 12.000 euros à Charles -Henry, que l'échéance est dans 3 jours et qu'il ne pourra pas le rembourser. Ce n'est que ça, dit-elle! Attend il va l'avoir sa mélopée!
Sur ce, Marion se lève, ouvre fenêtres et volets, et hurle " Charles-Henry nous ne vous rendrons pas les 12.000 euros". Puis elle se retourne vers son mari et dit : "Tu peux dormir maintenant, c'est Charles-Henry qui ne dormira plus."
Alors j'ai r'ouvert les yeux, l'acupuncteur m'a dit " il faut brider votre empathie".
Puis tout en griffonnant sur une feuille d'ordonnance, il m'a dit façon Jouvet: "de la distance,Madame, de la distance...en toute circonstance! "