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Le vide
L’avion décolle pile à l’heure.
L’avionneur attend les ordres de la tour d’observation. Le cockpit vibre sous la puissance du moteur qui tourne à fond.
Sur son siège bien calé, l’homme dont de la sueur coule le long de ses tempes porte son attention à la ceinture de sécurité et en teste la fermeture. C’est son premier saut en solo. L’air songeur, il se demande s’il va se poser en douceur. Au décollage, il avait eu l’impression que les vents paraissaient vouloir se lever sans demander son avis.
Il respire à fond. Il sait où trouver l’équilibre. Il puise en lui, cette force d’attaque dont il a tant besoin.
Debout près de la porte, Lemoine vérifie si les sangles de son parachute sont bien fixées. Ses mains sont froides. Une moiteur excessive le gêne tout à coup. Ce sera bientôt l’heure. L’instant de la chute approche. Le vide l’interpelle.
Il baisse le regard. Plus bas, beaucoup plus bas, la terre tourne imperceptiblement. Pas un seul nuage. Que le souffle du vent qui fait vaciller l’appareil.
Il saute. Le soleil lui chatouille les yeux.
Il plonge.
Il aime la liberté du vide sous ses pieds.
