Qui l’eut cru sans le voir ! Mais il fallait le voir pour le croire ! Ça, c’est certain ! Et l’important ici, c’est de le savoir ! Cet ado déluré, aux élucubrations délirantes, aux comportements souvent clownesques, était unique en son genre. Ça, c’est certain !
Même son nez qu’il avait long longtemps était tout à fait remarquable. D’ailleurs, rien en lui ne pouvait surprendre davantage que son appareil nasal, tout en longueur et qui se terminait par des narines spectaculaires. Toute une paire de rosaces disait les gens moqueurs. Et boutonneux en plus comme deux choux-fleurs, qui de surcroît, ne donnaient surtout pas leur place quand venait le temps du concours régional du soufflé de balloune. Car ils surmontaient un immense cœur violacé tout autant impressionnant par son gigantisme. C’était une paire de lèvres en forme de cœur telle une paire de gants immenses. Charnues à souhait. Fortes et puissantes comme les hommes forts des cirques et tombolas d’autrefois. C’était donc grâce à son souffle inépuisable et à elles, ces fameuses lèvres, qu’il y battait, le vilain, à plate couture, chacun de ses adversaires, et ce, à chacune des rencontres prévues au calendrier des joutes de ballounes.
Vu la renommée spectaculaire qu’il avait si parfaitement développée au cours des ans, sa confiance en lui-même grandissait à pas de géant tout comme la puissance de son souffle. Certains médiseux disaient même que son nez s’allongeait en même temps que s’allongeait la balloune.D’autres avouaient publiquement que c’était là toute une balloune publicitaire et que d’ailleurs, il ne fallait pas le croire sans le voir!
Un visage émacié. Une tête à deux faces oblongues, un nez qui aurait fait la jalousie et l’envie de tous les éléphanteaux d’Afrique. Une compagnie fabriquait même des sucreries de toutes sortes à son effigie. Voilà pourquoi on l’avait surnommé (suçon en cœur les choux-fleurs et tenons-le par le nez). Des fois, lorsqu’il se contemplait en cachette devant son miroir préféré, il se trouvait une étrange ressemblance avec le tamanoir du Jardin zoologique de son quartier.
Tout comme ce dernier, sa langue possédait une dimension démesurée. Grâce à cette particularité phénoménale, il était ainsi devenu aussi le champion incontesté du tirage de langue et des grimaces étonnantes.
Voilà ! C’est dit !
« Eh ! Pourquoi pas ? »