Mon chat est un inconditionnel de Mozart.
La musique le calme. Il profite de ces moments pour investir mes genoux, ronronne quand je lui gratte le cou, rouspète si je fais mine de me lever.
Malheureusement, mon chat a décrété que je chante faux.
En écoutant mes morceaux préférés je chantonne, il saute alors de mes genoux, les oreilles en arrière, le poil hérissé, s’en va, outré.
L’animal... j’ai voulu me venger de son effronterie.
J’ai mis doucement la Flûte Enchantée, la musique pourtant rythmée, aux voix différentes, changeantes, le bercent ; il s’étire, se repose, soupire, s’endort.
Puis vient l’air de la Reine de La Nuit.... Soprano colorature... Je fais l’expérience. La soprano chante : j’augmente le son, il tire ses oreilles, il n’aime pas les aigus, quitte mes genoux.
Je baisse la musique, je vais le chercher, le remets sur mes genoux. Il me regarde d’un air suspicieux, ferme un œil, et comme je ne bouge plus, il reste, se détend. Je chantonne très doucement, puis je suis la musique et monte dans les aigus.
Quand les sons s’échappent doucement de ma bouche, mon chat sursaute, me regarde, repose sa tête et garde un oeil ouvert. Aux aigus il s’est levé d’un bond, il a mis ses deux pattes sur mon épaule et a mordillé ma joue.
Trop c’est trop m’a-t-il signifié ainsi !
Je suis restée sidérée.
J’ai recommencé l’expérience, juste en chantant haut, sans musique de fond. J’étais debout, il était derrière moi... Il a mordillé mon mollet...
Je n’ai pas eu de chance mon chat avait l’oreille absolue... Il n’a jamais voulu que je chante près de lui, ce que bien sûr je n’ai jamais cessé de faire, juste pour l’embêter...
Mon tortionnaire adoré est mort de vieillesse. Depuis je ne chante plus.