“Music was my first love, and it wil be my last.
Music of the future, and music of the past.
To live without my music would be impossible to do.”
En 1976, quinze ans avant ma naissance, le musicien John Miles exprime sur de mélancoliques notes de piano son amour invétéré pour la Musique avec un grand M.
Cet amour pur et passionné, je le partage depuis près de trois décennies que mes oreilles ont la capacité d’entendre et d’écouter.
Le bon fonctionnement de mon audition certifié dès mon entrée en scène dans la vie, mes parents se sont attelés sans attendre à l’éduquer et à l’affûter en lui transmettant toute la connaissance et la passion qu’ils avaient chacun de l’art musical.
Ma mère sait jouer du piano depuis très jeune. Bien que des années l'en aient éloignée en raison notamment du manque de temps (et probablement d'énergie) qu'implique l'éducation à plein temps de trois enfants, elle a toujours eu l'ambition d'y poser de nouveau ses mains lorsqu'elle en aurait l'occasion. Les enfants ayant grandi, elle n'a pas failli à la promesse qu'elle s'était faite et a retrouvé le plaisir de jouer les morceaux qu'elle avait travaillés plus jeune de manière très appliquée.
Le piano est, selon elle, le "roi des instruments", qu'il me fallait apprivoiser et savoir jouer en premier lieu si je désirais pratiquer quelque instrument que ce soit par la suite.
C'est donc naturellement qu'elle m'a fait prendre le chemin des cours, très jeune, quand elle reçut en cadeau de mon père ce Weinbach droit neuf en bois verni qu'elle avait choisi avec le plus grand soin et qu'elle affectionne toujours.
Ce sont la musique de l'époque romantique et mon désir de savoir maîtriser les grandes œuvres de Chopin, Schubert, Mendelssohn et leurs congénères qui m'ont permis de traverser sans trop râler les premières années de gammes, d'arpèges et autres tortures solfégiques requises dans l'apprentissage de morceaux que je n'aimais guère voire pas du tout, jusqu'au jour tant attendu où mon professeur m'a donné, pour la première fois, le choix dans les œuvres que j'allais étudier avec un tel enthousiasme que mes parents devaient parfois m'interrompre au bout de plusieurs heures passées sans m'en rendre compte à laisser mes mains courir sur le clavier, l'horaire tardif rendant l'instrument beaucoup trop bruyant pour les voisins en appartement.
Mon père est quant à lui l’architecte principal de la culture musicale riche et diversifiée que je porte et continue de développer avec fierté. Il en a non seulement posé les fondations, mais a par ailleurs réussi le tour de force de me transmettre au passage une passion vibrante et dévorante qui me poursuivra sûrement tout au long ma vie.
N'ayant jamais eu la chance d'apprendre à jouer d'un instrument, il a comblé sa curiosité et sa créativité musicales en ingérant depuis tout petit (aujourd'hui encore) des quantités astronomiques de musique de tous horizons et de toute époque, sans cesse en veille et à l'affût d'une nouvelle trouvaille; en magasin de disques par le passé, dans un concert, à travers des lectures spécialisées, sur internet aujourd'hui ou même, de manière plus surprenante, dans un magasin où, de passage, il n'hésitera pas à demander au personnel les origines précises de la bande-son jouée en arrière-fond pendant qu'il faisait ses courses.
Baignée donc depuis toujours dans cette composition permanente de rythmes, de nuances et de timbres qui définit la musique, aucun genre n’a été épargné.
C’est l'association d'un rythme, d'une mélodie, de paroles et, surtout, de moments de vie divers et variés.
Je la choisis en combinaison de l'instant et du sentiment présent. Elle est la bande-son de ma vie.
Je pourrais conter mon chemin jusqu’au jour présent en musiques, donnant presque à mon existence des airs de comédie musicale !
Des matins d’enfance où j’attendais d’être accompagnée à l’école en écoutant l’oeuvre de Haendel assise sur le lit de mes parents aux soirées endiablées de ma vie de jeune adulte, que j’anime musicalement avec ferveur jusqu’au bout de la nuit en mêlant allègrement rock-n-roll des 50s, pop des 80s, punk des 70s, raps des 90s et autres musiques électroniques post 2000, il y a une vie de découverte musicale.
Une passion et une histoire de famille d’abord, une éducation que l’on m’a donnée par étapes, avec une minutie et une préparation telles que mon ouïe a quasiment toujours, aussi loin que je me souvienne, été prête pour ce qu’on allait lui faire entendre de nouveau ou de différent, que je complète jour après jour avec ce que notre formidable époque connectée met à ma disposition de moyens d’étancher une insatiable soif de découverte.
La musique qui me fasse vibrer ?
C’est celle que j’écoute et chantonne depuis toute petite, celle que mes professeurs de piano m’ont appris à interpréter avec mes mains, celle que j’envoie à mes proches en ayant la sensation d’avoir découvert la pépite du siècle, celle que mon père me fait écouter dans le combiné du téléphone bien que j’entende une note sur deux quand lui a la sensation d’avoir découvert la pépite du siècle, celle que ma soeur m’envoie dans un message en me précisant de l’écouter à un moment spécifique de ma journée, celle dont je choisis avec soin le message à travers les paroles puis que j’enregistre avec ma voix pour l’envoyer à mes proches en guise de “je t’aime, tu me manques”, celle que je chante avec la chorale au concert de fin d’année, celle que j’ai compilé dans une playlist pour une occasion particulière...
Puis, demain, ce sera celle que je partagerai à mon tour avec, qui sait, des enfants, comme mes parents l’ont fait avec moi.
La musique qui me fasse vibrer ? C’est celle du partage.