Je ferme les yeux pour mieux sentir sur ma peau les vagues berçantes. J’y ai tant rêvé à ce séjour à la mer. Cette baignade m’entraîne dans un univers où je suis si bien, si légère. Je me laisse flotter telle une épave, plus rien n’a d’importance en-dehors de ce moment de grâce. Les parfums marins m’enivrent, je me soule jusqu’à ignorer cette marée humaine qui envahit la plage et son sable doux. Je suis seule, laissant derrière moi le quotidien, la fatigue, les soucis, le poids du monde que je porte sur mes épaules, les chagrins destructeurs, tout ce qui alourdit mon existence. Je me laisse dériver sans peur ni crainte, peu importe où me conduira ce mouvement, je fais confiance à la vie. Plus tard, je retournerai sur le rivage, comblée d’un bien-être indescriptible. Je m’installerai loin de la cohorte homogène, vacanciers tout comme moi. De loin, j’aime bien les observer, sous leurs parasols, arborant le chapeau sous toutes ses formes, du bob au canotier, du foulard au bandana, de la casquette à la calotte et même du bonnet rasta. Une infinitude de modèles de maillots de bain, de serviettes de plage, de paniers pique-nique et de moules à châteaux de sable colorent l’endroit.
En fin de journée, je repartirai vers la jolie petite maison louée pour la période de mon séjour, j’y retrouverai le chant des cigales, le pichet de citronnade préparée ce matin avant mon départ. Avec un peu de chance, comme hier, une libellule, jolie demoiselle, viendra se poser sur la tranche de mon livre tandis que mon regard s’enfoncera dans les champs avoisinants, la moisson sera bonne assurément. Après le doux sable de la plage, je reste assise un long moment dans l’herbe fraîche à humer les multiples arômes de ce coin de paradis.
Quelle bonne idée ai-je eue de venir séjourner dans cet endroit paisible. Je me sens heureuse, à la limite frivole, je profiterai de cette magnifique journée jusqu’à ce que la clarté disparaisse et que mes paupières lourdes de tant de bonheur se ferment pour explorer un tout autre univers, celui de mes rêves.