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Les lépreux jadis agitaient des crécelles pour prévenir de leur approche les passants apeurés à la vue de leurs loques de peaux. On les fuyait, les lapidait, les enfermait dans des léproseries. Des mouroirs, à l’abri des regards.

 Nous voilà chacun le lépreux de l’autre, muselant nos visages de masques étouffants, cadenassant nos sentiments comme les amours rouillées sur le pont des Arts.

La lèpre hideuse de la peur, la peur tueuse, rôde sous la peau, corrode le cœur, encage les élans, étrangle les désirs, étouffe en chaque être son âme haletante, asphyxiée.

La peur ronge nos entrailles, fouille au plus profond, dévore au plus intime, tel un chancre parasite nourri de nos lâchetés.

Nous enfermons nos vieillards, sous prétexte de les protéger, chacun dans sa cellule, dans nos léproseries modernes, nos ehpad. Des mouroirs, à l’abri des regards.

Regardez-la, notre société parturiente, rebondie, repue, prête à accoucher de Dieu sait quel monstre ou messie !

Quelle bête immonde enfantera-t-elle ? Quelle barbarie ?

Tous nos livres nous quittent à tire d’ailes, notre liberté, envolée, virtuelle, comme martinets striant le ciel autour du vieux clocher abandonné.

Adieu les rêves, adieu la vie, adieu l’amitié, adieu, la belle, adieu l’humanité …

Tag(s) : #Textes des auteurs
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