J’ai tant et si souvent rêvé que je possédais le pouvoir de voler. Voler pour m’évader autant que pour la fuite dans le ciel bleu de mes jours gris. M’envoler tel un oiseau blessé. Surtout planer. Me laisser porter de mes ailes déployées tel un aigle majestueux en quête de sa proie de choix. Explorer ce haut monde silencieux. Faire de folles montées telle une fusée propulsée à la hardiesse. M’étonner des vrilles insensées pour voûte céleste et des piqués sensationnels. J’aurais aimé afin de me sentir libre.
J’aime tellement aussi, certainement dans la même veine, m’imaginer faire de la lévitation. L’essentiel de cette folle aventure demeure l’espoir qui brille au bout du long tunnel. L’important dans cette affaire de jambes en l’air, est devenue l'apothéose d’un rêve presque désespéré. Il aurait été simple justice que je réussisse des sorties hors de mon corps sans perdre le nord. Sans me perdre. Et surtout sans me retrouver désarticulé. En conséquence de quoi, je me suis mis à songer qu’il me faudrait trouver une puce magnétique de grande puissance, afin de ne pas perdre le nord. Le but étant bien sûr de ne pas me retrouver le cul en l’air et l’air de rien complètement mis à nu devant la terre entière.
En fait, toute ma vie, j’aurai rêvé de quitter mon enveloppe charnelle. Même sachant pertinemment bien que ce ne serait qu’en de rares épisodes temporaires, qu’en de très rares occasions. Pourtant, malgré d’innombrables tentatives demeurées vaines, de multiples essais et d’erreurs, j’ai en fin de compte réussi. J’y suis arrivé, mais sans toutefois y parvenir parfaitement.
Une main par terre, la tête en bas, les bas en l’air, j’imagine de mes grands yeux, l’espace infini qui m’attend les bras ouverts sur le vide sidéral, en attente de création possible.