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Nous étions en été et le mois de juillet était aux dires des météorologues de tous poils, prometteur de belles journées ensoleillées. Certains allaient même jusqu’à craindre une canicule et cela devait durer jusqu’à la fin du mois.

Nul besoin pour moi de poser mes congés, puisque la retraite me donnait la liberté de choisir les moments propices pour partir, où et quand je le souhaitais. Je choisis une nouvelle station balnéaire. Elle me paraissait, au moins dans les catalogues, propice à une certaine tranquillité, sans être trop grande et pourvue d’une belle renommée. Je n’avais donc pas perdu de temps et au début du mois de juillet, j’y établissais mes quartiers. J’avais eu la chance de pouvoir m’installer dans un endroit du camping assez proche de la sortie en direction de la plage. Une centaine de mètres seulement me séparait de la grande bleue et ma seule hâte fut de m’y rendre le plus rapidement possible. La tente de camping rapidement installée, je pouvais calmement envisager la suite de ma journée sur la plage des sables d’O.

Ce matin-là, le soleil était justement de la partie et la promesse d’une belle journée s’annonçait sans l’ombre d’un doute. J’avais donc chaussé mes espadrilles et d’un pas décidé me rendit à la plage. Chose étrange, elle était encore vide de tout vacancier, bien qu’il était déjà onze heures du matin !  Pour moi, ce fut une surprise de ne voir personne, à croire que je m’étais trompé de mois, confondant celui de juillet avec un beau mois d’avril…

Le problème résidait dans le fait que j’aimais toujours mieux me fondre dans la foule, qu’être l’objet de tous les regards. Tout seul sur la plage, j’étais mal tombé ! Cette grande plage de sable blanc d’une finesse extraordinaire était merveilleuse et cela me remis en mémoire les vacances ratées de l’année passée où n’ayant pas fait attention à la description des lieux j’avais passé l’entier de mon séjour sur une plage de gros galets, inhospitaliers. Ici, la granulométrie du sable n’était pas en cause, mais bel et bien la solitude dans laquelle je me trouvais. J’en pris mon parti et ne tardai pas à m’allonger pour mettre à profit ma journée au soleil, sans parasol alors que j’avais compté en louer un, mais faute de loueur…

La serviette étendue sur le sable, ma carcasse alla la rejoindre et sur le dos comme à l’habitude. Je me plongeais alors dans le dernier bouquin de Carlos Ruiz Zafon, « le labyrinthe des esprits » huit cent cinquante pages à lire, c’est lourd et long ! Je savais qu’une semaine ne serait pas de trop pour en venir à bout, d’autant que je n’étais qu’aux toutes premières pages de ma lecture. Le soleil étant proche de son zénith le livre au-dessus de ma tête me permis de me protéger de ses rayons encore ardents. Mon propre esprit était plongé dans les labyrinthes de celui de l’auteur. Allais-je m’y retrouver, c’était bien là la gageure, pour le moment c’était assez obscur…

Les heures avaient passé sans même que je songe à déjeuner. Je n’avais même pas vu que le soleil ne brillait plus et qu’un petit vent frais tentait de feuilleter les pages du livre à ma place.

Je pris conscience de la réalité lorsqu’abandonnant celui-ci quelques instants, je constatais que la situation avait un peu changé autour de moi. Si la plage était toujours aussi vide d’occupants, Le ciel, lui, avait en grande partie perdu son bleu d’azur. De nombreux nuages se promenaient nonchalamment pour certains, tandis que d’autres fuyaient à la manière de fugitifs évadés d’on ne sait où, de quelque prison imaginaire, éphémère. Je n’étais pas météorologue et ne sus dire s’il s’agissait de cumulonimbus, de stratus, ou de cirrus, mais de voir ce ciel chargé me fis comprendre la raison pour laquelle personne n’avait jugé bon de venir s’étendre sur le sable.

Je suis du genre têtu et je n’allais quand même pas gâcher mon séjour au moindre courant d’air ou au moindre nuage fussent-ils très nombreux et menaçants. Je reprenais très vite la position initiale, mais au lieu de me replonger dans mon bouquin, je regardais le ciel avec attention essayant de deviner les formes improbables qu’allaient bien pouvoir prendre les nuages au cours de leurs pérégrinations. Je devinais parmi les anamorphoses ainsi conçues par leurs vagabondages incessants, leurs agglutinements, des images amusantes. Elles me firent à un certain moment regretter de ne pas m’être muni de mon appareil photo, pour les immortaliser.

Je ne sais combien de temps dura cette observation, mais de guerre lasse je plongeai dans un profond sommeil. Lorsque je me réveillai quelques heures plus tard, la nuit était tombée, le ciel paraissait clair, les étoiles brillaient et le comble pour moi fut quand je vis autour de moi tous ces gens jeunes pour la plupart se dévêtir dans la précipitation pour ensuite aller prendre un bain. Il était minuit.

 

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