P152 Raynald – Celle qui bégayait

Elle bégayait plus qu'elle ne parlait. En fait elle communiquait très difficilement et partageait l'art désagréable du galimatias.

Certains diraient qu’elle parlait parfois le Jupitérien, genre de langage gestuel, comme si elle pratiquait le pique-bœuf postural, ce picotage du port de tête qui semble bêcher dans le vide. Telle un art dans lequel elle excellerait, elle espérait ainsi pouvoir vouloir nous faire croire que l’on oublierait d’y trouver la totalité innombrable de ses erreurs de vocabulaire.

En effet, surtout lorsqu’elle venait sans le vouloir de commettre un bien petit larcin, elle se sentait immédiatement coupable et éprouvait de la colère non canalisée ni contrôlée. Voilà pourquoi au lieu de se lancer dans une série d’antiennes vulgaires et indomptables, genres de logorrhées interminables et de poursuivre une chicaya imprévue, ce qui aurait alors eu pour effet de jeter du leste émotionnel, elle préférait lancer in petto de la poudre de perlimpinpin aux yeux des nombreux observateurs inopportuns en faisant un jeu rocambolesque de grimaces telles des sauts de cabri qu’elle seule en avait la recette secrète. Elle espérait ainsi détourner l’attention centrale de sur ses bévues croquignolesques. Elle croyait duper son auditoire si attentif.