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Bon, c’est parti !
L’oracle jupitérien a tonné, en longs grondements sinistres :
C’est la guerre !
Ordre est donné au commandant Hiver de se mettre en route, Novembre en avant-garde.
En face, branlebas de combat.
On se prépare au siège.
Les cigales ont fui depuis belle lurette, depuis bel été. Les sauterelles font leur dernier saut de cabri. Les capricornes cherchent refuge.
Tous aux abris !
Verveines, géraniums et pieds d’alouette sont remisés sous l’auvent. Les grands intransportables, lauriers et bambous, sont caparaçonnés de mousse, fiers destriers de tournois. Le pique-bœuf dans la rivière en contrebas fait le guet, Don Quichotte perché.
Les mangeoires débordent de graines. Dans l’arbre aux noisettes l’écureuil a fait provision d’économies pour la mauvaise saison. De belles bûches de chêne, dans la cheminée, attendent la flambée prochaine, prêtes à réchauffer âmes et corps.
On a cloué sur le mur de la remise trois nichoirs de secours. Deux mésanges en volette s’affairent dans les bruyères pour y piquer de quoi les calfeutrer.
La terrasse devient casemate.
On est prêts !
Holà, ami lecteur ! Ne pensez pas si fort ! Vous le faites in petto, mais je vous entends bien :
« -Mon pauvre littérateur ! Quel galimatias ! Quelle logorrhée ! Toujours la même antienne ! Vous êtes croquignolesque, avec vos métaphores filées : « le commandant Hiver… Novembre en avant-garde… » De la poudre de perlimpinpin, oui !
-Mais poudre magique, poétique…
-Taratata ! Poudre et mascara ! Votre sujet, laborieusement délayé, tient en seul mot, que je résume en langage SMS : c liv r. Un point c’est tout ! Tout le reste n’est que littérature !
-Allons, grincheux lecteur, cessons ces chicayas. Vous avez raison sur un point : c’est l’hiver, le mal nommé, tout blanchi qu’il est de givre et de frimas. Le reste, tout le reste, l’IMMENSE reste : la littérature….C’est TOUT !