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Ils étaient six compagnons de longue date. Six fidèles aventuriers, de connivence en apparence. Et tous avaient une seule et unique amie en commun. La fille du richissime propriétaire du Casino des Monarques. Celui-là même qui fut inauguré en mille neuf cent soixante-trois. Le jour fatidique de la mort de J.F.K, Président des États-Unis d'Amérique. Le 23 novembre pour être plus précis. Si mes souvenirs sont intacts, je crois bien que l'heure officielle que l'on a déclarée est 13 h 23.

 

     Artémise Letendre, fille unique de Sara et de Paul Letendre, habitait le 4030 de la rue du Tour de ville. Elle voyait dans les événements importants, voir cruciaux de la vie, des signes tangibles reliés à l'art de la numérologie et qui analysait tout du pourquoi et du comment de la succession plus ou moins ordonné des choses. Science inexacte pour la science dogmatique et cartésienne, mais qui pourtant selon Artémise, expliquait en toutes lettres dorées, les aléas impromptus et incontournables de la vie mouvementée et tortueuse. Du moins, de sa simple vie à elle, comme elle aimait si bien se l'avouer devant n'importe quelle assemblée. Histoire peut-être de se convaincre du... < pourquoi ma chienne de vie est aussi plate, prévisible et insipide ? >.

 

     Puis un jour, tout gris tout plate et sans saveur aucune, le 23 novembre 2016, à 13 hre 23 précise, l'accident fatal arriva. Le choc brutal parmi tous les chocs possibles se produisit entre toutes les avenues des infinies aléatoires.

 

     Une course mémorable contre la montre devait avoir lieu ce matin-là. Sur une piste mouillée, le départ eut lieu. Le compte à rebours lancé. Le bruit infernal de la ferraille qui vomit des sons grotesques et pourtant si attrayants pour les rares initiés. La couleur de grisaille poisseuse des tuyaux d'échappement. Les pneus qui crissent dans un effort suprême vers le désir ardent de la victoire. Le drapeau abaissé. Et ce fut le déluge de cris, d'applaudissements de tonnerre. Les corps et les rêves les plus fous et...

 

     Dans le dernier tournant, juste avant le fil d'arrivée, l'embouteillage monstre. Le carambolage despotique. Les corps calcinés emprisonnés dans des amas de métaux brûlants et tordus. Une scène indescriptible dans ce qu'elle a de plus cruelle et de plus terrible.

 

     En apprenant la nouvelle irrévocable de la mort irréversible de son amant, Artémise avait choisi le côté sombre de la vie. Elle mettrait fin à sa folle destinée.

 

     Marvel, le seul survivant de cette horrible hécatombe ne pouvait détourner son regard de la triste boîte de bois sombre qui descendait en pleurant des crissements affreux. Quatre hommes qui lui étaient inconnus retenaient avec difficulté les cordes qui permettaient au cercueil de descendre vers sa destination finale. La morte dans sa tombe fermée pourrait ainsi rejoindre son dernier lieu de repos terrestre.

 

     « Le jour de son enterrement, la dernière pensée qui lui vient à l’esprit fut qu’ils étaient sans doute passés à côté de quelque chose ».

Tag(s) : #Textes des auteurs
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