« Voici venir l’hiver,
Disait-elle,
Je passerai comme les feuilles.
C’est folie que je veuille
Infiniment croire au printemps :
J’ai quatre-vingt-sept ans !
J’ai trop vécu déjà :
Mes rêves enténébrés d’ombres chères
Me bouchent l’horizon.
Mes souvenirs me font des semelles de plomb.
Depuis si longtemps que je chemine !
La route du temps s’égare
Dans ma mémoire
Aléatoire.
Mon corps se parchemine,
Se racornit, se ratatine…
Oh ! que la bise vienne et m’emporte,
Feuille morte ! »
Dès les premiers frimas
A Toussaint la bise l’emporta.
Ton souvenir dans ma mémoire
Tremble dans l’air du soir
Comme une feuille…
Voici venir l’hiver