Marin de nul voyage
En l’abysse mouvant
Je rêve aux horizons que hantent obsédants
De leurs rires stridents
De grands albatros blancs glissant nonchalamment
De leur aile impassible paisibles si lents
Sur le ressac du temps
Marin de nul voyage
En l’abysse mourant
Soûle d’écume gorgée d’eau je divague
De vagues Léviathans , cauchemars d’outre-vague ,
Maraudent silencieux soulevant ma voilure
Qui pend effilochée en glauques moisissures
En mes flancs éventrés quelquefois , grave et vain ,
Se berce tristement quelque cadavre humain
Et mes vergues brisées , bizarres arcs-boutants ,
Se prisment irisés d’échos de cathédrale
« Dé-ré-lic-ti-on » geint l’interminable râle
De mon âme engloutie en l’atroce néant
Et je rêve pourtant
Marin de nul voyage
Des lointains horizons que hantent obsédants
De leurs rires stridents
Les grands albatros blancs