Se réveiller un matin dans un autre corps,
Prisonnier d’une peau étroite qui craquelle,
Et se dire qu’on a plus qu’une voix frêle
Pour ébranler cet étrange et nouveau décor.
Se chercher dans le miroir de l’enfance
N’y trouver qu’incertitudes et désaveux,
Des vieux jouets dans un coin poussiéreux
Des lambeaux de rêves et de croyances.
Regarder au-delà, fuir ce reflet inconnu, se recoucher
Pour se murer dans un silence profond et rebelle,
Exploser entre norme et marginalité - défi cruel
D’une métamorphose subie au goût de culpabilité.
Sentir les premiers émois amoureux, frissonner
Et, au murmure des passions naissantes,
Sentir pour l’autre une fascination grandissante,
Mêlée à des fantasmes et des désirs inavoués.
Viennent les premières catastrophes, les disputes,
Les déceptions, les non-dits, les grandes idées
Qu’on laboure, retourne, dans un jardin secret
Les tentations, le goût de liberté, et les ingratitudes.
Qu’il est difficile de naître une deuxième fois !
Impossible marche-arrière, douloureux passage
Devoir quitter son costume d’enfant sage
Et se chercher une autre parure, une autre voie…