Depuis peu ,une image surgie du passé , hante mes nuits, me trouble et m'obsède ; je tente en vain de l'en chasser , de l'effacer , de l'extirper de mes rêves. Hélas ! Je ne puis oublier ce visage au teint clair, ces yeux bleu-turquoise,cette frange blonde éparpillée sur le front . Ah ! ANEMONE , pourquoi cette réminiscence d'un amour qui remonte très loin dans les années.? ANEMONE !... Je l'avais aimé , elle m'avait juré de ne jamais me quitter. Le coeur ayant ses raisons ... Elle a quitté le pays . Dés lors la vie est passée, le temps d'un éclaire et l'oubli cautérisa la blessure, du moins je le crus . Mais,peut-on vraiment " tout à fait effacer de sa mémoire le son d'une voix tendre, la douceur d'un geste? . J'en doute .
Ma raison lutte ,en vain, contre ce souvenir: des questions se bousculent et des suggestions aussi ,dans mon esprit : il me faut donc ,vaincre toute répugnance et me résoudre à entreprendre le voyage. Mais où la rechercher ,Où la trouver? On l'aurait aperçue à AIX, vue à NANCY ,croisée à PARIS. Des assertions? Possible. Partir à sa recherche, parcourir ,sillonner les régions de ce beau pays qui est redevenu le sien; arpenter les villes tout en admirant leurs musées ,leurs avenues, leurs parcs , leurs allées surtout interroger, questionner ... De la Fontaine de la Rotonde à la Place STANISLAS ,de celle-ci à Paris le sublime. Ce voyage ? Une Aubaine ? rêve? un aventure ?
Mais est ce de bon sens de quitter ma ville dont les jardins et les allées sont encore imprégnés de son rire cristallin et se souviennent, certainement ,de ses bouderies enfantines et de ses étonnements des choses les plus simples ? De quitter une ville dont elle admirait la blancheur et magnifiait la rade ",une des plus belles ,au monde," répétait-elle. ? Non , pas plus que je ne puis, m'éloigner de la CASBAH- où de tant de nos souvenirs demeurent vivaces ? ANEMONE aimait se balader dans ses venelles où bruissaient le ronronnement du tour du potier , la plainte du cuivre sous le frappement du dinandier et pénétrer dans les échoppes des artisans travaillant toute porte ouverte ; elle aimait, ainsi, ces venelles sinueuses, ascensionnelles qui mouraient au pied du mausolée de Sidi ABDERRAHMAN, Saint patron de la ville , où elle tenait à s'y rendre, certains vendredis pour y déposer un cierge allumé .
Entreprendre le voyage à sa recherche -espoir fallacieux-... Elle serait mariée , heureuse; mon arrivée, si elle ne m'a pas oublié, ne risquerait-elle pas de perturber sa vie ?Disloquer sa famille ? Nuire à sa réputation?... Je l'aime encore et ne puis supporter qu'elle puisse souffrir à cause de ma venue inopinée . Non je n' effectuerai pas ce voyage ! ...Notre Dame d'Afrique-qui du haut de sa colline voit loin, même, au delà de la mer et où à chaque fête ANEMONE venait s'agenouiller et prier a joint sa voix à celle de Sidi ABDDERRAHMAN. Ils me chuchotent " Ne pars pas, les souvenirs des moments heureux que tu as vécus et partagés avec cette jeune fille, risqueraient ,une fois la-bas, d'être corrompus par la femme qu'elle serait devenue .