Son parfum est partout. Son odeur te brûle encore la peau. Encore et toujours. Après 6 ans et une éternité de solitude. 6 ans et le néant de l'abîme vertigineux dans lequel tu as sombré.
Tu es tombée dans l'oubli de toi-même. Dans l'abnégation des utopies dans lesquelles tu errais. Où trouver la force d'avancer, la volonté de poser un pas devant l'autre. Sur quelles empreintes dessinaras-tu ton chemin?
Il est parti. Disparu. Anéanti.
A-t-il seulement existé un jour ?
A-t-il été de chair et de sang, de tripes et de doutes, de larmes et de cris ? qui était-il ? qui est-il ? L'as-tu seulement su un jour? l'as-tu seulement connu? ou reconnu? où même seulement regardé, trop encombrée peut-être par cet amour qu'il t'avait jeté en pleine gueule et pour lequel tu as tendu l'autre joue. Humblement. Le remerciant presque de ce cadeau empoisonné.
Sors-là ta rage. Hurle-la ta haine. Extirpe-là de ton âme, de ton corps, de ton coeur.
Ne l'enferme pas dans ce chaos qu'il a laissé régner en toi.
Habille-toi d'autres pourquoi, d'autres comment. Revêts-toi de la colère de l'innocence bafouée, de la sincérité niée. Ne change pas celle qui était en toi, mais redeviens-là. Gomme l'aujourd'hui et le hier qui parlent encore de lui. Redessine le plaisir et le désir. Redonne à la vie ses lumières et à ta vie ses néons. L'interrupteur est à portée de ta main. Pousse le bouton. Ecrase son image, son visage, son néant. Rentre les griffes dont tu as lacéré tes rêves. Et oublie. Oublie.
Oublie qu'il était tout et qu'il n'est plus rien.
Oublie qu'il avait un nom que tu aimais murmurer du bout des lèvres, du bout de cet amour qui t'incendiait et te retenait prisonnière d'une chimère.
Et viens. Accompagne-moi là-haut, au sommet de la montagne. Là où le ciel se mélange à l'horizon. Là où le vent te caresse le visage, tel un ange qui cherche à te protéger. Viens là-haut. Donne-moi la main et laisse-toi guider vers cet infini où rien d'autre n'existe que le silence et le paix. Cette paix que la petite fille qui est en toi réclame et ne trouve plus depuis qu'il est parti.
Regarde comme c'est beau. Hume ce parfum de néant, cette odeur d'abîme et respire haut et fort, comme si le monde soudain n'était qu'à toi.
Et hurle. Hurle à plein poumons. Hurle ton désespoir et ton chagrin. Hurle ta rancoeur et tes questions sans réponses. Hurle à la vie, à la mort.
Pour qu'en redescendant, là en bas vers le quotidien, il n'y ait plus en toi que pardon et sérénité.
Il a disparu et tu ne comprends pas. Il était ton ami, ton amant, ton confident. Il étaitle jour et la nuit, l'amour et la vie. Il était l'univers et les étoiles, le soleil, la pluie, l'aujourd'hui et l'infini. Il était tout. Il était lui.
Et cette partie de toi qu'il a volé reste à jamais vide, ébranlée, éclatée.
Viens petite soeur. Viens, je t'emmène sur la montage. Là où moi aussi j'ai pleuré. Là où moi aussi j'ai hurlé. Viens, donne-moi la main. Pose ta tête sur mon épaule et ferme les yeux. Oublie que tout est vide à l'intérieur de toi et empis-toi de cette plénitude qui anésthésie la douleur. Ouvre-toi. Saccage ta souffrence. Eclate-là. Jette-là du haut de la montage qui nous attend, là-bas au loin.
Viens mon ange. Aujourd'hui est le premier jour de l'été. De ton été. De l'été de ta vie. De la Vie.
Viens petite soeur. Ferme les yeux et fais-toi confiance. Fais confiance à la petite fille qui pleure encore en toi et qui veut enfin sécher ses larmes.