Sur le chemin de terre qui mène à la ferme, un petit hérisson penseur. Il trouve que le temps se rafraîchit bien vite et qu’il serait temps pour lui de se trouver un abri pour hiberner tranquillement. Il marche à son aise, dandinant ses picots à droite puis à gauche. À la vitesse à laquelle il avance, il risque fort de ne pas arriver dans son jardin favori avant le lever du jour.
Soudain, un bruit fort le met en boule. Il ne bouge plus, tétanisé par ce qu’il vient d’entendre. Ça ressemble drôlement à un coup de fusil.
L’éclat recommence et on dirait même qu’il se rapproche.
Léon, le petit hérisson, ose relever la tête et avance un peu plus vite. Il est presque drôle à courir ainsi. Mais il a peur. Il ne pense même plus à faire un tour dans le potager, à la recherche de quelque limace bien gluante et si succulente à se mettre sous les dents. Il fonce, tête en première dans un tas de feuilles mortes.
Nous sommes fin octobre. L’automne est bien présent et les arbres se déshabillent de leurs feuilles. Léon avait déjà commencé à faire ses provisions pour l’hiver et il voulait encore un peu manger, juste histoire d’être sûr et certain de pouvoir dormir le ventre plein. Car il devra dormir longtemps, très longtemps avant de pouvoir ressortir de sa cachette.
Mais le bruit se fait de plus en plus proche. Il n’ose même pas trembler, de peur qu’on le découvre.
Une demie-heure plus tard, quand plus aucun bruit ne se fait entendre, Léon ose, timidement, creuser la terre pour sortir le bout de son museau et voir ce qu’il se passe. Rien à l’horizon si ce n’est une très vieille voiture qui n’était pas là avant. Il attends encore un instant et éclate de rire. Il avait complètement oublié que ce tas de ferrailles faisait toujours un bruit du diable quand il roulait. Le pot d’échappement était troué depuis des mois et c’est seulement maintenant qu’il se rend compte du potin qu’il fait !
Le vent froid rentre dans les petites narines du mammifère. Bien au chaud, le petit hérisson change d’avis. Tout compte fait, il est bien là parmi le tas de feuilles et de branches. Il se retourne, se remet en boule mais plus pour se tenir au chaud et garder une position confortable et ferme les yeux. Son cœur ralentit et il commence un long, très long dodo. Il ne se réveillera, bien plus tard, que quand la nature sera chaude et belle.
Par la fenêtre de la cuisine, Maxime a tout vu. Le petit garçon en pyjama va vite trouver ses parents encore au lit pour leur chuchoter qu’il ne faut surtout pas toucher aux tas de feuilles mortes du jardin, qu’il y a là dedans une merveilleuse petite boule piquante qui s’y est réfugiée.