Mes anges
Mes anges étaient les cieux
Et les cieux depuis les cieux m'éclairaient de la joie de leur douce lumière
Mes anges dormaient debout
Ils semblaient si paisibles dans leur grisante marche aveugle
Leur apparence intouchable les protégeait des ronces douceur moderne
Mes anges dormaient debout
Mes anges étaient si purs
La boréale suit la nonnette et la nonnette fuit la bleue
Mes anges se sont vus
Aussi se virent ils si infâmes qu'ils adoptèrent les vents déchus
Et dans leur course ils emmenèrent leurs yeux en bouche grande ouverte
Mes anges se sont battus
Mes anges sont si faibles
Et leurs auréoles branlent comme les dents d'un vieillard
Mes anges sont des lépreux
Et s'abandonnent à la luxure des mendiants dépravés
Se laissent marquer la face au burin et perdent leurs visages d'anges
Mes anges sont des lépreux
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Aimer
Il est des mots qui s'installent et qui restent
D'autres se puisent dans le brouillard
Certains qui se répètent en manifeste
Cherchent à donner sens au hasard
Aimer
Et puis partir
Douter
Presque sourire
Voir
N'être que l'illusion de ce que l'on aime
L'amour est une poussière d'étoile
Aussi insaisissable qu'une promenade
Jamais appris, rêvé parfois
Des troubles qui se touchent
Mais ne s'entendent pas
Depuis les portes du désespoir
Jusqu'aux cimes folles de la passion
On aime toujours une illusion
Deux êtres assoiffés qui miment de s'abreuver
Et l'amour
Pas une parole
Tout au plus un regard
N'excite que les sens
N'amène de forces qu'au percevoir
Et dans l'effort d'y croire plus par espoir que par envie
L'Homme se cantonne aux proses de son esprit
Désire parfois, s'exprime souvent
Par d'infinies caresses qui le grisent de tous temps
Puis il s'amène à voir
En maquillage d'exutoire
L'autre resplendissant sur une peinture défouloir
Deux corps qui s'annulent à n'en plus finir
Tous deux meurent par essence
Dans leur lente fusion partagée
Dans l'antre des amours
Qui se croient unifiés
Mais par l'avance des sens sur la soie
Une colonne de feu se créée mais ne brûle pas
Tant pis si l'on y croit, le cœur nous y pousse
Nous trompe les visions par d'infimes secousses
Mais nos âmes, resplendissantes de fierté
S'embrassent pour se taire et oublier
(puisqu'au fond)
On n'aime pas une personne mais ce que l'on en voit
Dans l'illusion d'aimer pour l'autre et non pour soi