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Il était là, immobile, sa grande carcasse figée, comme statufiée, les mains plantées au plus profond des poches de son manteau de laine grise défraîchie, le regard plongeant vers le sol. Depuis qu'elle n'était plus là, il se laissait aller. Ses voisins l'observaient sans lever le petit doigt, après tout, ce n'était pas leur affaire, mais ils le méprisaient quand même un peu, le critiquant sans ménagement, pour l'importance qu'il donnait à des choses bien futiles, alors que d'autres, que l'on soit sentimental ou pas, auraient eu plus d'importance. Il faut mettre les choses à leurs vraies places, comme ils disaient ! 
Il était pourtant attaché aux deux, mais sans nul doute, plus à l'une qu'à l'autre. Ce matin, il restera comme toujours, longtemps devant l'une, alors que l'autre, n'aura droit qu'à un regard de passant compatissant.

Bien que parfaitement immobile, dans ce froid immense de novembre, il se remue les souvenirs et quels souvenirs ! Il se la remémore, toujours caressante, docile, comme il aimait la voir, c'était l'avantage avec elle, pas avec l'autre. Il se la rappelle pétillante, avec sa frimousse rousse. Elle était toujours vêtue de blanc, quelquefois chaussée de noir tout dépendait de ses pérégrinations matinales. Elle n'était jamais lasse de caresses et de marques d'affections, toujours plus il lui en fallait, l'autre faisait mine de ne pas en vouloir, elle n'en obtenait jamais. 
Plongé dans ses souvenirs, il se dit en lui-même qu'on s'attache plus facilement aux êtres généreux, prêt à obéir à la baguette, fussent-ils des animaux de compagnie, qu'à des êtres humains rétifs, inconditionnels de l'indépendance. Avec elle, il aura eu de bons moments et reçu beaucoup de tendresse, de quoi rendre folle l'autre là, la Marie !

Sur la petite dalle était gravé :                                                                                                                        Arrêtes-toi ici.           
                                    
                                                                                                          Ta Ta petite chienne Calie repose à tes pieds.

Je sais que tu ne m'oublies pas

Mais, pense aussi aux autres

Ils ont aussi droit à ta peine.

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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