P136 Emmanuelle - Madeleine, ma reine

Ce soir, j'attends Madeleine.

J'ai reçu un petit baiser du bout des lèvres pour ne pas abîmer son rouge à lèvre.

Elle était trop bien habillée, elle semblait pressée.

Sans me dire où elle allait, elle m'a lancé quelques mots. Moi, un peu fâché, je ne l'ai pas écoutée. Je l'ai simplement regardée. Je ne voulais pas qu'elle s'en aille.

Elle a posé sa main sur ma joue et dans mon cou en tentant de me rassurer avec un fond de culpabilité. Et puis elle est sortie malgré tout, malgré nous, en laissant derrière elle son doux parfum flotter dans l'air.

J'ai mal. Sans elle, la vie n'a plus de sel.

Quelle heure peut-il être ?

Le temps passe et elle ne revient pas. L'obscurité m'enveloppe. Je garde les yeux ouverts, plongé dans le noir et dans mon désespoir.

Le moindre bruit provenant du dehors me fait sursauter et me redonne de l'espoir. Une portière qui claque, un éclat de voix et mon cœur se remet à battre plus fort.

Les heures s'écoulent sans pitié. Le silence est lourd.

Je repense à l'époque où nous étions inséparables. J'étais son unique amour. J'adorais ses éclats de rire. Nous nous cajolions du matin au soir. Nous allions nous promener très loin revenant heureux au bercail. Je l'ai toujours protégée, consolée, aimée éperdument. Nous étions unis pour la vie.

Ce soir, j'attends Madeleine et j'ai peur. Je me pose mille fois la même question : Pourquoi est-elle sortie sans moi ?

Et si elle ne m'aimait plus, si elle ne revenait jamais, si elle avait rencontré quelqu'un d'autre, que deviendrai-je ?

J'ai peur.

Je l'aime. Je lui ai toujours été fidèle même si parfois, l'envie de suivre une copine ou deux était irrésistible, je suis toujours revenu près d'elle.

Elle est si belle, si douce, si gentille, si jeune et fraîche.

Je promets d'être sage, de ne plus être lourd, gauche et fainéant, de ne plus me goinfrer, de bien me tenir en société.

Madeleine, je l'aime tant.

C'est ma seule maîtresse.

La SPA n'est pas pour moi.