Herbeline : Petite enfant-martyr.
Inqueresse : La lumière.
Andaineuse : Une douleur morale ou physique qui anéanti l'être.
Délitescence : Innocence proche de la naïveté.
Civadière : Délivrance de l'esprit.
Fribourg : Petit bourg se trouvant aux portes de l'Eden.
Griannau : Refuge où l'on se sent à l'abri.
Ergastule : La science.
Itague : Un crime, un meurtre.
Malard : Un homme cultivé, ayant fait des études.
Nope : Une larme.
Ozalid : L'éternité.
Se pagnoter : Apprendre.
Palangrotte : Une blouse, un tablier.
Ramender : Mentir.
Rogomme : Un message.
Scramasaxe : La souffrance.
Huque : Le néant.
Poutrepailler : Sommeiller.
***
Ton rêve s'est éteint. Fini. Décimé. Anéanti. Ils t'avaient promis l'inqueresse, ils ne t'ont offert que l'andaineuse. Cette andaineuse de l'espoir sans cesse retardé, sans cesse bafoué. Toute une vie que tu poutrepailles dans l'incertitude du diagnostic de ces malards en palangrottes blanches. Ils ont le pouvoir. Du haut de leur savoir, ils prétendent détenir le pouvoir du oui ou du non, du bien ou du mal, de l'espoir ou du désespoir.
Une vie qu'ils te délivrent le rogomme du lendemain, pour te voir sourire.
Et dans ce sourire, ils ne cherchent qu' y trouver la force qu'ils veulent t'insuffler afin que tu y croies encore. Encore et toujours.
Ce toujours qui dure depuis ta naissance.
Ils t'ont bluffé, ramendé, assassiné.
Ils t'ont tué à nouveau, toi qui aurais préféré mourir en naissant.
Ils se sont accrochés à toi, ergastule oblige, à défaut de conergastule (conscience).
Et la petite fille que tu étais s'accrochait à eux du haut de sa délitescence.
Petite fille, ton rêve d'ozalid a pris fin.
Ils ne savent plus. Ils baissent les bras, le dos vouté sous le fardeau trop lourd de cet itague par omission.
Ils ont utilisé ton corps pour se pagnoter, le rejetant quand leur ignorance n'évolua plus.
Et là, soudain, ton griannau explose en mille morceaux. Cette chambre blanche où tu vis depuis si longtemps te deviens soudain hostile.
Alors, aujourd'hui tu tends les mains aussi loin que tu le peux vers le ciel.
La prière d'une herbeline, les mains jointes vers Dieu, pour qu'Il t'entendes.
Aujourd'hui, petite fille, il ne te reste que tes mains pour prier, pour hurler, pour écrire...
Ecrire toutes tes errances. Ecrire ce trop-plein de scramasaxes, de nopes, de huques.
Ecrire comme on exorcise toute cette cruauté infligée.
Petite herbeline, ton cachier n'est pas terminé. Les feuilles blanches que tu noircis jour après jour sont ta civadière, l'ultime arme que tu possèdes pour atteindre ce Fribourg dont tu as toujours rêvé.