Dans le petit cimetière, en contrebas,
Près de la rivière,
Reposent toute une escouade de malfrats
Un joli coup de filet ma foi
Leur a fait mordre la poussière
Les a tous pris sur le fait
Leur dernière opération fut fatale
La cavalerie fit son travail
L’embuscade bien montée
Permit d’extirper (presque tous) les otages
De l’enfer de ces hommes armés
Programmés pour manipuler violer et tuer.
Ils furent abattus, oui , occis
Après toutes sommations d’usage
On les enterra donc là-bas
Dans la grande fosse à tracas
Prévue par la Loi.
Une pancarte encore vierge
En balise l’aplomb
Au conseil municipal on en débat,
Les victimes rescapées sont invitées
A oser réfléchir
Afin d’y inscrire l’épitaphe
Qui effacera et figera tout ça.
Les propositions sont multiples,
Seule la première phrase à été votée :
« De chacun de ceux qui gisent là,
On pourrait dire sans mentir… »
(Quant aux suivantes,
Une commission recueille
Enregistre, paraphe, dans l’attente…)
« C’était un salaud,
C’était un idiot,
Banal et violent, insidieusement
Comme il y en eu tant,
Depuis la nuit des temps ! »
« Qu’il paie pour toujours !»
« Qu’il soit donc absout, oublié,
Bien fait, bon débarras, et tchao! »
« Battons-nous pour que cela ne se reproduise pas »
« Ce que tu nous as fait subir, je n’oublierai pas,
Tu aurais dû à un psy t’en ouvrir crois-moi
Afin de tenter de guérir »
« Tes bonbons sucrés savamment dosés
M’ont un temps réconforté
Juste avant les violences sans pitié »
« Je ne sais si je pourrai un jour te pardonner
ou juste effacer
De ma mémoire et de mon corps, ces atrocités »
Quand au reste, on ergote, on palabre,
On se tâte, on analyse
On vote, recompte, annule et reporte…
A des spécialistes, on aimerait s’en ouvrir
Ni temps ni budget pour ces choses-là.
L’épitaphe, ce n’est pas vraiment ça !
ci-git…et à la gloire de …
Le maire ennuyé, s’est fait excuser
Il ne prend point part au débat
Pour cause de nausée
Aux victimes de gérer
Traumatisme et peur :
On a voté pour ça !
Alors on verra
Ce qu’il adviendra…
« Confiance en la vie,
et en sa cruauté »
Lui aurait bien parlé, avant de démissionner,
car il est maintenant ministre et député..
trop de cumul des mandats, cela ne se fait pas !
dans le petit cimetière,
tout en bas,
voilà que la rivière
déborde et emporte ce qui gisait là...