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Il y a T., qui carbure au café et à la paresse. Qui cache mal ses complexes sous des tonnes de textiles. Qui a une tendresse infinie pour les enfants, une mémoire infaillible et un savoir encyclopédique sur la vie des autres gens. Qui a une compétence particulière pour faire advenir ce qu’elle prédit. En suscitant, par exemple, le mépris ou l’indifférence de ceux dont elle pense qu’ils vont la snober. La tristesse qu’ensuite elle en conçoit me fend le cœur, inévitablement.

Il y a D, qui ne se fait pas remarquer. Qui revêt les habits discrets de la conformité. Qui sait écouter sans jamais dévoiler son intérêt, son ennui ou ses réserves. Mais qui ose laisser fuser un rire sonore et spontané quand quelqu’un dit tout haut ce qu’elle a à peine osé penser. Qui fait mine, parfois, de se rebeller (sans grande crédibilité). Qui semble toujours être passée juste à côté de ce qu’elle espérait. Je lui souhaite de se trouver.

Il y a O, qui se revendique résolument de gauche, comme on peut l’être quand on est née dans les années 80 : d’une manière romantique et paradoxale. Qui connaît les procédures, revendique ses droits et réclame fermement un cadre. Qui n’oublie pas d’exprimer sa personnalité grâce à ses tenues hors du commun. Qui a un sens de la répartie extraordinaire et une gentillesse à toute épreuve, maladroitement masquée par son désir d’en imposer. J’aimerai, comme elle, pouvoir tout pardonner.

Il y a L, qui aura éternellement quinze ans. En témoignent sa voix cristalline, ses jambes interminables, son besoin permanent d’être remarquée et de se rebeller. Qui a un sourire lumineux, une énergie communicative et le goût de l’entraide. Qui cache derrière son enthousiasme ses blessures et ses doutes et souffre un peu de ne pas savoir exister autrement. Peut-être qu’un jour elle arrivera à s’aimer.

Il y a N, qui, sous les dehors rassurants de son style BCBG et d’une organisation martiale, voudrait que la vie ne tolère pas la tiédeur des compromis. Qui peut interpréter une palette d’émotions digne d’un opéra baroque, s’enthousiasme autant qu’elle se révolte, s’effondre comme elle s’exalte, se questionne comme elle rit. Sa passion me réveille à chaque fois que je suis tentée de me reposer.

 

Et il y a moi, qui les observe et qui apprend

à être moi-même

parmi les gens.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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