« Elle se pencha, récupéra le petit objet rond dans le caniveau et le mit à l’abri dans sa poche ».
Elle avait failli ne pas le voir. C’est vrai, les petites filles ont plus souvent le nez en l’air, à chasser une mouche ou à tenter d’attraper un supposé papillon !
Les garçons, eux, sont plus prosaïques, ils shootent dans tout ce qu’ils trouvent sous leur pied, un caillou, un trognon de pomme, un vieux papier journal…Ils appellent ça « faire valdinguer » et veulent prouver ainsi aux filles qu’ils sont les maîtres du monde.
Les filles, elles, sont plus naturellement rêveuses, romantiques, elles voient tout plein de choses dans les nuages : des anges, des châteaux-forts, des fées immaculées, des colombes aux ailes neigeuses…Et même parfois leur maître d’école...
Mais ce jour-là, Emilie boudait, parce qu’elle n’avait pas obtenu de sa mère d’aller jouer avec Emma, sa meilleure amie. Elle baissait la tête en faisant la moue, ce qui amusait beaucoup sa mère, qui en connaissait le motif.
C’est pour cela qu’elle l’aperçut, elle, si merveilleuse, si ronde, si étincelante, et qu’elle s’empressa de la fourrer vivement dans sa poche, pour que sa mère ne se doutât de rien. Car si sa mère découvrait sa trouvaille, c’est sûr, elle la ferait rapporter à la mairie, ou au bureau des objets trouvés, s’ils existent encore…
Dès son retour, elle le glisserait dans sa tirelire, son précieux trésor, et attendrait le moment propice pour le ressortir, à une occasion spéciale bien sûr, une fête, un anniversaire, ou plus prosaïquement, un jour de grande pénurie, quand la boîte à bonbons serait vide.
Elle avait juste un petit doute, c’était le petit trou percé en plein milieu de son trésor. Demain, avec un peu de colle et beaucoup de patience, elle le reboucherait.