Dans ses yeux mi-clos perle une lueur de tristesse. Ses boucles tombent en désordre sur son front haut et fier. Aristocrate ? Fille du peuple ? Elle porte en elle la noblesse de son âme qui rayonne sur son visage penché.
Le peintre suspend son pinceau un moment, saisi par cette beauté qui l’illumine tel un rayon de soleil toscan. Saura-t-il faire ressortir dans ce portrait tout ce qu’il ressent et voit ? Saura t’il être fidèle à l’original ? Tant de doutes habitent le peintre face à sa toile.
Mais elle, elle est si paisible, abimée dans ses pensées qu’on devine passer sur sa bouche, qui trace un sourire.
Mais est-ce vraiment un sourire ?
Le peintre reprend son pinceau têtu, voulant transcender sa toile, comme jadis sa Joconde…
Le jour baisse, ses yeux fatiguent et sa main tremble… Le moment de grâce est passé.
Il a l’essentiel, le cœur de son œuvre. Il n’a plus besoin du modèle.
Il rend à la vie cette fine fleur qui s’en va avec ses mystères.
Jamais il ne saura et c’est bien ainsi…