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Lever : trois heures du matin...
Chaque été, je suis toujours la première à crier olé pour ce genre d'escapade en montagne, mais jamais, bien que très matinale, je ne me suis habituée à cet horaire inhumain…

Suivre à la lettre les instructions de notre guide, c'est- à dire se forcer à ingurgiter quelque chose avant le départ pour se donner des forces, préparer les sandwichs aux œufs, les fruits secs, une belle orange....

Direction le petit village situé à plus de 1000 m d'altitude pour une grimpette dans la vallée du Mercantour !

Deux heures de route éprouvantes : nombreux lacets, fatigue, mal de cœur... sans la perspective des merveilles qui nous attendent, jamais on ne ferait un tel effort. C'est trop dur. Mon amie et moi détestons la voiture. Mais notre guide sait exactement ce qu'il fait….

Nous arrivons au village au lever du jour, la température est glaciale. Visite réconfortante au boulanger, lui acheter de grandes miches odorantes et encore tièdes.... Chargés comme des bourricots, nous entamons la première montée jusqu'à la première halte. Là, s'imprégner de l'odeur de feu de cheminée et de fromage du fidèle berger, et se charger de ses délicieuses tommes de chèvres qui alourdiront encore les sacs, pour la bonne cause...

A six heures du matin, on est encore couverts de gros pull de laine, la marche est facile, tout le monde chante, plaisante.

Mais la longue grimpée de quatre heures sous le soleil fera peu à peu déchanter les troupes.
Limite.
Mais il est hors de question d'abandonner.

Notre guide nous encourage à sa manière, nous menant souvent en bateau, jusqu'à la phrase ultime :"Courage ! Plus qu'une petite heure !".

Désespérés, on recharge ses batteries pour ce qui nous semble une éternité d'effort supplémentaire, quand soudain, 10 minutes après.... on l'aperçoit : le sommet !!

On y arrive à 10 heures du matin, histoire d'éviter tout risque d'orages, c'est le secret de notre guide. Là, nous le remercions, le bénissons, oublions toutes nos souffrances : le lever en pleine nuit, les virages, le froid, la chaleur, la fatigue ! Nous sommes à plus de 3000 m d'altitude, quelle récompense ! Panorama fantastique, rencontres éclairs émouvantes avec chamois et marmottes, bains de neige, trempettes dans les petits lacs glacés, bains de soleil à l'abri des regards... c'est l'émerveillement !

Le beau temps se maintient, ce qui permet une descente dans la douceur pour le bonheur des genoux qui commencent à crier grâce. Autorisation de traîner jusqu'à 5 heures de l'après-midi, de s'oublier au milieu des myrtilles ou de s'adonner à la cueillette de champignons montagnards...

On revient vannés mais heureux. Les courbatures et les coups de soleil seront pour demain, pour l'heure, la fierté de l'exploit accompli fait briller les yeux... Les derniers kilomètres en voiture sont une torture pour mon amie et moi, les "chochottes" du groupe... Nous ne pensons qu'à une seule chose : retrouver la fraîcheur des oliviers et de nos logis respectifs, une bonne douche pour se délasser, surtout les pieds, écouter les cigales, au calme, rêver aux paysages fantastiques qui brûlent encore nos yeux en regardant doucement tomber le soir…

Enfin, c'est le dernier virage. L'arrivée est pour bientôt, les cœurs sont au beau fixe, les cerveaux tout fumants de souvenirs, on s'apprête à descendre avec une impatience et une joie non dissimulées… quand soudain, une phrase incongrue lancée joyeusement par le fils de notre chauffeur :

- Ah, je vous ai pas dit ? Pas si vite ! On a une surprise pour vous : tous au restaurant ce soir, nous avons réservé ! Tout le monde est en forme j'espère ? Allez, papa, appuie sur le champignon, en avant pour le centre ville !

Du côté de mon amie : affolement instantané ! A ma plus grande surprise, elle si douce, si discrète, se met à hurler en s'accrochant à la banquette du conducteur :

- Arrêtez la voiture immédiatement ! Sinon je saute en marche ! Allez-y si vous voulez, moi, il est hors de question que j'aille en ville ! Vous auriez pu nous demander mon avis quand même ! Aller s'enfermer au restaurant après une journée pareille, non merci ! J'étouffe ! Laissez-moi descendre, je veux descendre !!!

Perplexité générale. Silence. Tout le monde dans la voiture semble assommé. Je ne sais plus quoi penser. Personne, bien sûr, n'a envie d'aller en ville…

Le farceur se tourne alors vers mon amie, déconfite, les yeux lançant des éclairs…

D'un ton très calme, il lui assène :

- Mais c'était une blague, évidemment…

Par charité, j'évite à ce moment-là de regarder l'expression de mon amie.

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