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« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » Où ai-je entendu cette phrase ? Je ne m’en souviens plus. Aujourd’hui, cette interrogation est mienne. Il faut que je vous explique ce qui m’est arrivé. Promettez-moi de m’écouter jusqu’au bout même si vous me prenez, de prime abord, pour une hurluberlue ! Je vous assure que vous ne le regretterez pas. Bon ! Je me lance !

Ce matin, après avoir effectué un brin de ménage, je démarrai mon ordinateur. Je voulais envoyer un message à des amis. La mise en route se passa normalement. J’accédai sans encombres à ma messagerie. Le problème se fit jour lorsque je voulus écrire mon courriel. Au fur et à mesure que je tapais sur le clavier, les lettres apparaissaient puis disparaissaient. Je crus d’abord à un disfonctionnement de mon ordinateur et le redémarrai. Mais non ! A ma deuxième tentative, j’obtins le même résultat. Dubitative, je regardai le moniteur. Que se passait-il ? J’allais abandonner et arrêter définitivement l’appareil quand une phrase commença à apparaître à l’écran. Je la lus, surprise :

- J’en ai assez !

Qui pouvait bien s’adresser à moi en ces termes ? Quelqu’un me jouait sans doute un tour. Mais qui ? J’approchai mes mains du clavier et tapait :

- Qui êtes-vous ?

- Le clavier, bien sûr !

J’étais abasourdie. Ce ne pouvait être vrai. Quelqu’un devait avoir piraté mon ordinateur et s’amusait à mes dépens. Je décidai de jouer le jeu. Peut-être comprendrai-je qui était à l’origine de cette farce ? J’écrivais :

- Pourquoi en avez-vous assez ?

- Vous tapez comme une folle sur mes touches alors qu’il suffit de les effleurer ! Je ne suis pas une machine à écrire. Je suis sensible moi !

- Je m’excuse. Je ne me rendais pas compte. Je vais essayer de faire attention.

- Merci. C’est déjà un peu mieux. J’ai le « r » et le « s » un peu fatigués. Mais le « suppr » est vraiment mal en point. C’est fou ce que vous êtes énervée quand vous devez effacer une partie de votre texte. Pourtant, c’est quand même mieux que de devoir retaper toute une lettre !

- Vous avez raison. Je tenterai de me contrôler à l’avenir.

- Autre chose. Pourriez-vous me nettoyer de temps en temps ? Je ne sais pas moi… Disons une fois par semaine. Je suis tellement sale que j’en ai honte. Le moniteur, vous l’essuyez, lui, quand il est poussiéreux. D’ailleurs, il n’arrête pas de se moquer de moi !

Je ne savais que demander au clavier pour m’assurer qu’il était bien l’auteur de ces lignes. Soudain, il me vint une idée. Je décidai de le débrancher et d’essayer son homologue neuf que nous gardions en secours. Une fois le computer mis en route, je retournai sur ma messagerie et entrepris d’écrire un nouveau mail. Rien ne se passa. Ou plutôt tout se passa normalement. Je recommençai l’opération avec l’ancien clavier. Avant que j’ai eu le temps d’écrire un mot, une phrase s’afficha à l’écran :

- Je vois que la confiance règne !

- Excusez-moi. Je n’ai pas l’habitude de converser avec un objet. J’ai crû à une mauvaise blague.

- Et maintenant ?

- Maintenant, je vous crois. Vous, mon clavier, me parlez par moniteur interposé.

- Bien. Je peux donc espérer que vous répondrez à mes desiderata ?

- J’y répondrai. Bon ! Je vais vous laisser à présent. J’ai à faire. A bientôt.

- A bientôt. Ah ! Au fait ! Je m’appelle Zerty !

En plus, il avait un nom ! Un peu secouée par ce que je venais de vivre, je regagnai la cuisine pour me préparer une tasse de thé. A l’instant où j’allai ébouillanter la théière, je fus prise d’un doute. Et si elle se mettait à crier. Je la prévins donc à tout hasard :

- Attention ! Je vais verser de l’eau bouillante.

J’eus l’impression d’entendre une espèce de sifflement et la tasse, que j’avais posée à côté de la théière sur le plan de travail, se mit à vibrer. Ce pouvait-il que théière et tasse se moquent de moi ? Non ! Je me faisais sûrement des idées. Mais assise sur le canapé pour déguster mon thé, je dus bien admettre que, si le clavier me parlait, il était plausible que les autres objets de la maison tentent de s’adresser à moi. Simplement, le dialogue avec eux était moi évident. Je me promis donc, à l’avenir, d’être un peu plus attentive à ce que je ferai. J’éviterai de choquer verres et assiettes dans l’évier, de tirer violemment sur le tube de l’aspirateur…

Vous ne me croyez toujours pas ? Tant pis. Mais lorsqu’une porte vous coincera les doigts, demandez-vous si vous l’avez récemment claquée ? Il se pourrait que ce soit le cas. Alors vous repenserez à ce que je vous ai dit et vous jetterez sur les objets qui vous entourent un regard neuf.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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